Le journal de Labichette (novembre 2016)

Banj

Une nuit chez Mademoiselle H.

Ca y est : J'ai fini par lui trouver un surnom à mon frère. Il était temps d'ailleurs, car moi, j'ai depuis longtemps un joli surnom que j'aime bien : Clergie (j'en avais un autre, rappelez-vous, dont m'avait affublée Papounet : Mère Dodue, mais il parait qu'en grandissant je me suis affinée et que Mère Dodue ne sied plus à une jeune fille telle que moi). Mais ce pauvre Boulégon n'en avait toujours aucun, ce qui était un peu tristounet. Je m'étais mis en tête d'y arriver. Eh bien ! J'ai fini par trouver.

Dans toutes les bonnes encyclopédies, on dit que le chat ressemble plus au tigre qu'au lion. Un des arguments principaux de cette comparaison est que le lion a une crinière et que cette crinière est son apanage, alors que le tigre n'en n'a pas. Bon admettons que cela soit le cas en général, mais moi, j'ai découvert une exception à cette règle : Boulégon.

En effet, mon frère a lui aussi une crinière. Certes elle n'est pas aussi imposante que celle du roi lion mais quand même. D'ailleurs j'ai demandé à Mamounette de faire une photo qui mette en évidence la belle crinière de Boulégon. La voici et en la regardant bien vous serez d'accord avec le surnom que j'ai trouvé pour mon frère : Boulélion.

Mais venons-en à notre nouvelle histoire.

Papounet avait enfin installé une nouvelle séparation entre le rebord de notre balcon du 7ème étage (celui où JJ va fumer) et celui de notre voisine à cet étage Mademoiselle H.

Mademoiselle H. est une très gentille dame, un peu âgée et un peu sourde mais pas ailurophobe*.

* Ailurophobie : c'est la phobie des chats en effet cela provient du grec :  αἴλουρος (aílouros), « chat »[] et φόβος (phóbos), « peur ».

Episode64

 

 

Episode63

Cependant, depuis une visite inopinée que Bougnette lui avait rendue, jusque dans son salon, elle avait demandé à Papounet de faire en sorte que ses chats (nous aujourd'hui, en l'occurrence) ne viennent plus chez elle, car elle avait très peur d'en enfermer un par mégarde dans un placard et de l'oublier (comme si cela pouvait arriver ! M'enfin !) D'où cette séparation.

Si vous vous souvenez bien, je vous avais dit que Papounet mettrait un peu de temps à la faire, mais il a fini par installer une séparation en plexiglas, comme du temps de Bougnette. A partir de ce moment-là, nous, on a pu retourner librement sur ce balcon, qu'on aime bien, notamment pour la grosse marguerite dans laquelle on aime bien se cacher.

Mais, comme du temps de Bougnette, un soir de grand vent a eu raison du plexiglas, cassé en deux et nous on n'a plus pu sortir sur ce balcon. Cela nous a vraiment frustrés et on s'est dit qu'un de ces jours, il faudrait quand même qu'on y retourne.

Aussi, quand un soir Papounet est sorti pour chercher des mangues dans le frigo qui est sur ce balcon, avec Boulégon, on s'est faufilé discrètement et comme il faisait nuit, il ne nous a pas vus.

On est resté un peu sur le balcon et après s'être bien amusés, on a décidé d'aller faire un tour sur le balcon de Mademoiselle H. Pour y aller, quand il n'y a pas de séparation, rien de plus facile : on grimpe sur le petit frigidaire puis sur le rebord du balcon et une fois passé la grosse vitre de séparation, hop, on saute de l'autre côté sur le balcon de Mademoiselle H.

Après avoir bien rigolé, on en a eu assez et on a voulu rentrer à la maison et là pas de chance. On avait prévu de passer sous la grosse vitre, comme l'année dernière, mais comme on a grandi depuis, on est devenus trop gros pour rentrer par là.

Quant à rentrer en sautant sur le rebord, c'était trop risqué, car emporté par notre élan on pouvait tomber de l'autre côté, et là pas de possibilité de réception avant l'entrée de l'immeuble. Et une chute de 7 étages, c'est assez risqué même si Boulégon est très fort et moi très souple. Nous, on ne veut pas finir avec seulement trois pattes, comme Tripatouille, le copain de Kucing, un ancien de la maison de Bougnette.

Conclusion : il fallait attendre que quelqu'un vienne nous délivrer. On n'a pas voulu gratter sur les volets de Mademoiselle H. On ne voulait pas la réveiller en sursaut et en plus comme elle est un peu sourde, elle ne nous aurait probablement pas entendus et c'est nos parents adoptifs qui nous auraient entendus. Alors cela aurait fait monter très haut le cours de la friandise et engendré peut-être d'autre mesure de rétorsion. Miauler, ni Boulégon, ni moi, n'avons une voix qui porte.

C'est évidemment Mamounette qui nous a repérés. Avant de se coucher, chaque matin - car Mamounette se couche très tard - elle veut savoir où on est et nous cherche. Donc ce matin-là, elle est venue sur sa terrasse (la petite du 8ème, pour ceux qui suivent) et nous a vus. Mais elle n'a pas voulu réveiller Papounet pour venir nous chercher car il dormait déjà. On a donc passé la nuit dehors mais cette nuit à la belle étoile fut beaucoup plus agréable que les deux que j'avais passé toute seule, sur le toit du 7ème (voir le chapitre 3 de mon journal). En effet, il faisait plus chaud, de plus j'avais mon Boulélion à côté de moi et Mamounette qui venait régulièrement nous parler.

Dès potron-minet (j'adore cette expression), alerté dès son réveil par Mamounette, Papounet a entrepris notre exfiltration du balcon de Mademoiselle H. Il est arrivé avec le petit escabeau à 3 marches, l'a posé devant le petit frigo, est monté sur le rebord puis a déposé l'escabeau sur le balcon de Mademoiselle H. et il a attendu que l'on grimpe, mais nous, on était un peu inquiets car il prenait beaucoup de place sur le rebord alors on est resté là à le regarder.

Papounet a fini par comprendre et est descendu sur le balcon de Mademoiselle H. - heureusement celle-ci dormait encore et n'a rien vu de la violation de balcon (c'est comme ça qu'on dit, je crois).

Quand il est arrivé en bas, Boulégon a monté les marches de l'escabeau et est rentré à la maison.

Moi, j'osais toujours pas, alors Papounet m'a pris dans ses bras et m'a ramenée à la maison.  Pour le remercier, je lui ai fait un gros ronron.

Epilogue : Peu après cette histoire, un jour Papounet a dit : "Euréka, j'ai trouvé la solution, au lieu de faire une séparation en plexiglas qui se casse les jours de grand vent, je vais mettre un treillis, comme au 8ème étage, ainsi le problème du vent sera réglé".

Ainsi fut fait ainsi fut dit, vous pouvez voir, comme moi, le résultat de cette dernière opération. Et nous on a à nouveau le droit d'aller sur ce balcon.

 

Episode62

Episode61

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Vibrisses2

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.

 

Gibi2

 

A suivre

Date de dernière mise à jour : 24/01/2021